Jeudi 18 février 2010 à 23:31



Je n'ai jamais tenu ta tête dans mes mains.

Paul Eluard.

Samedi 6 février 2010 à 14:46

    Mon univers est noir.

Mon univers est fait de voix qui se fondent dans la brume, de cables disposés épars sur le sol, d'ombre, d'obscurité. Mon univers chuchote, il parle à voix basse, mon univers s'éclaire faiblement d'une cigarette qui s'allume. Mon univers est peuplé de guitares nerveuses et de chants et de plaintes. Mon univers est peuplé de solitude et d'aspirations, de piano. Mon univers est peuplé de touches de piano écrasées avec violences ou caressées à l'octave mineur. Mon univers n'a pas de début, pas de milieu, pas de fin. Mon univers déroule sa carcasse tourmentée sans se rappeler avoir un jour fait autrement. 

Mon univers n'est pas triste, et l'est trop. Mon univers est peuplé des gémissements de jouissances des filles, et du regret de les avoir baisés sans être amoureux. Mon univers est peuplé de rires d'enfants et des connards qu'ils deviendront. Mon univers est peuplé des sourires des filles du métro qui iront tomber amoureux du premier macho venu. Mon univers est peuplé de fascination, d'envie, est mon univers s'éteindra sans avoir rien fait d'autre que d'espérer. Mon univers est tendu, sur le fil du rasoir. Mon univers se retient de crier. Mon univers est poésie ordinaire et banalité extraordinaire. Mon univers veut devenir. Mon univers regrette déjà un futur qui n'arrivera jamais.

Mon univers est peuplé de mes amis qui meurent.

Je ne sais pas si je fais partie de mon univers. Je suppose que je suis tout ce qui le compose. Je fume ces cigarettes, écoute avec adoration ce piano, rêve de jouer sur scène, rêve, tout le temps, toujours, garde espoir alors que tout est foutu depuis bien longtemps. C'est moi que l'on voit marcher habillé tout en noir, à faire le deuil de rien. C'est moi qui refuse de voir la vérité en face, c'est moi qui me voile la face sur mon futur. C'est moi qu'un rien déstabilise sans que personne ne s'en aperçoive. 

Mon univers est noir. Mon univers n'est pas triste. Mon univers fascine, et est fasciné. Mon univers ment, se ment, me ment. Mon univers est abject, attire les autres, me révulse et me charme. Mon univers est détestable, mais est le seul qui me soutienne quand je vais mal. Mon univers lui, ne mourra pas avant moi. 



Je veux retourner au temps des grenadines.





    

Samedi 16 janvier 2010 à 0:12

   Je ne vais pas vous en dire plus, on ne sait jamais. J'ai l'impression que si je révèle ça aux autres, tout disparaîtra, comme un retour à la réalité, faut pas rêver trop longtemps. Je le garde pour moi. Pour l'instant. On verra.

Cette après midi, à un coin de rue, j'ai réentendu parler d'un gamin appelé Hope.

C'est une prochaine chanson de Mary Jane Kelly d'ailleurs...

 

My name is Hope,
And I've lost everything,
And you torn me apart,
And you brought me down.

But I'm just a kid named Hope, and I hope, I hope, and I cry.
 

Dimanche 10 janvier 2010 à 17:23

     Bien sur, on est pas le 5 janvier, bien sur je suis en retard, bien sur. Je tiens rarement mes promesses. Paris neige, paris boue sous mes pieds, similitude, le froid nous fait oublier les crampes aux ventres, ou elles reviennent.

C'était comme à moitié vécu, le dernier jour où nous sommes restés ensemble, comme des adieux qui s'en voudraient en silence, on a évité de se regarder. Je me suis installé ailleurs, j'ai gueulé dans ma tête "les copains avant les filles". Qui est ce que je pensais tromper ? J'avais essayé d'être ailleurs toute la journée, un peu déjà parti pour s'éviter d'avoir trop mal, comme si ce dernier jour était déjà passé, déjà loin, dans ma mémoire, enterré. Je suis resté là, planté avec Félix et Ned, à plaisanter en la regardant s'éloigner. Bien sur que j'avais vu son regard quand elle m'avait dit qu'elle allait fumer, bien sur que j'aurais pu la suivre, bien sur. Elle tient rarement ses promesses, cette cigarette, on l'imagine qui tombe au sol et ses mains qui rejoignent mon dos mais c'est un mensonge, ça trahit, ça fait mal et ça n'existe pas.

   Le pire, ça a été le dernier regard, bien sur, celui qui s'enfonce dans le coeur. Il m'a terrassé, je ne sais pas, j'ai cru y déceler comme une pointe de regret, ou de reproche, tu étais moins joyeuse qu'à l'ordinaire. Mais peut-être que je me suis inventé tout ça, ou peut être que c'est ce foutu jazz qui me déglingue un peu plus, me fait imaginer je ne sais quel espoir. J'ai fait semblant de t'adresser un petit signe alors que la seule chose que je voulais faire c'était t'embrasser, mais il y avait les autres, la distance entre nos deux corps, les étoiles dans tes yeux.

Je me souviens du premier texte que j'ai écrit sur toi, ici. Je t'appelais petite blonde, bien sur, je n'avais même pas une seule idée de ton nom. Je l'ai appris, j'ai appris à te connaître, à t'apprécier, à t'attendre.

    "C'est cette façon que tu as de passer ta main dans tes cheveux dorés, avant de me regarder en souriant, toujours plus décoiffée et sublime."
 
Ca a toujours été ça. Tes cheveux, d'abord qui se soulèvent sous l'effet souple de ta main, et puis soudain deux yeux bleus qui me trouvent, et ton sourire qui illumine tout, qui pétille, comme une gamine heureuse, qui se rient presque de me voir si con, qui me foudroient sur place. Ca a toujours été ça. 

   Je me souviens de la dernière fois où j'ai aperçu tes yeux, j'ai cru qu'ils me cherchaient pour me retenir, j'ai cru que mon coeur explosait alors que mes jambes me portaient loin de toi, j'ai cru voir du regret, qui sait, même peut être... je ne sais pas. Peut-être... Peut être que j'étais retombé amoureux.

 

Je ne sais plus.



 

(J'ai cru que j'allais pleurer  comme un con, en écrivant les mots-clefs.)
 

Dimanche 27 décembre 2009 à 15:37

    Mais c'est qu'ils dansent, tous ces futurs cadavres, ignorants, ils dansent, ils boivent et ils ne se doutent même pas que demain ils seront mort et qu'on dansera sur leur tombes.

 
                                                                                                                                                                                   [Cette phrase est extrêmement
importante, et vous l'oublierez
tous en sortant de chez vous.


 Beaucoup d'entre vous mourront le nouvel an.
 
 Rendez vous le 5 janvier.]

Merci à Lost pour l'inspiration.
 
 

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