Samedi 29 mars 2008 à 11:58

28.03

    Ambiance de retour de voyage. Un moment calme, et différent des cris et des rires que j'entends habituellement autour de moi et qui me donnent le sourire. Ce sont mes amis. Maintenant, tout le monde dort, seuls quelques uns résistent encore au pouvoir du sommeil et restent, le front appuyé contre des vitres glacées par la pluie, à contempler l'extérieur. Les autres discutent à voix basse, où gisent simplement, les yeux tournés vers leurs pensées, un écouteur dans chaque oreille.

    J'ai lu la bonne partie d'un livre qu'à acheté Baptiste "Paroles du Jour J". Lecture très émouvante lorsque l'on s'aperçoit que tous ces hommes qui écrivent à la veille du débarquement ont sensiblement notre âge, et qu'ils seront presque tous morts, le lendemain. Je fais cette lecture le casque sur les oreilles, j'écoute une musique qui ne va même pas avec leurs mots. Et c'est ici que repose ce grand mix qu'est l'entremêlement du vieux et du moderne, ce coktail entre le présent et le passé. Ces quarante trois personnes, jeunes et insouciantes pour la plupart ont marchés là où d'autres ont courus à en perdre haleine, ont ri là où d'autres ont pleurés des larmes de terreur et de panique, se sont assis là où d'autres sont morts, dans un mélange de flotte et de sang que les vagues ont balayées, tout aussi efficaces que le temps qui les a effacées de nos mémoires.
    Et quand je décharge mes mots sur ce carnet rouge et noir, tranquille et apaisé, je ne peux m'empêcher de penser à ces armes qui déchargeaient leur lot de mort, et de lettres de condoléances, à chaque balle tirée en serrant les dents et en fermant son esprit, vite, avant de tomber sur cette même plage que l'on visite aujourd'hui, tomber les genoux dans le sable et les mains sur les tempes, fou, et déjà mort .

    La franchise et la peur qui émanent de ces lettres de pré-débarquement truffées de "n'oubliez pas que je vous aime", et de "nous avons tous peur, mais les hommes apprennent à le cacher", me retournent le coeur et me fauchent aussi bien que tous ces noms sans histoires, gravées sur les croix blanches du cimetière d'Omaha furent fauchés, pour la victoire et la liberté d'un monde qu'ils ne connaitraient pas.


Lundi 15 octobre 2007 à 19:37




    23.08.07

               "Je suis revenu sur la plage de Bandol, comme tous les ans depuis que je suis gamin. L'année dernière, j'y avais fait la rencontre d'une très jolie fille. Parfaite en tous points, je cherchais où était le problème et j'ai beaucoup souffert de sa souriante indifférence. Et puis un an plus tard j'ai fini par comprendre en revenant sur la plage. Elle n'avait plus rien de cet air magique qu'elle avait alors. J'ai tenté d'apercevoir plusieurs fois Albane au balcon de son appartement. Elle ne s'est pas montrée et c'est sans doute mieux comme ça. J'ai fini par comprendre qu'il fallait que je prenne cette histoire comme ce qu'elle était, un agréable et étrange moment de rapprochement entre ma solitude et son sourire. Je suppose que son visage, et sa voix finiront par s'effacer. Déjà, je ne distinge plus que ses contours. Ils sont flous, mais auréolés de cheveux d'un blond très pâle, presque blanc. Non ce n'est pas l'histoire de ma vie, personne ne l'écrira, à part moi. Mais si il y a une chose que j'apprécie, assis sur ce rocher, au milieu de cette plage dont j'ai perdu le ravissement, c'est qu'elle me rapelle la nostalgie de cette histoire qui n'avait pas su commencer."



Lundi 20 août 2007 à 13:24

    

    J'ai décidé, pendant un de mes rares passages sur ce blog avant Septembre, d'inaugurer une nouvelle catégorie, baptisée "Black n' Red". Et là je vous vois venir, tous autant que vous êtes avec vos gros sabots (vernis ou non)? Non je n'ai pas tourné emo pendant que vous ne regardiez pas. Non cette catégorie s'appelle comme cela car c'est le nom du carnet d'où proviendront les articles que je posterai sous son sceau.

Avec la perte de mon ordinateur il fallait bien que j'écrive quelque part, me direz vous. J'ai donc investi dans un petit carnet noir relié de rouge, qui rentrait parfaitement dans la poche de ma veste en cuir. Et j'ai écrit assez constamment dessus. Dans cette catégorie je posterai des extraits de ce carnet qui valent la peine selon moi d'être publiés. Quant aux autres... ils resteront à jamais témoins anonymes de mes humeurs non dévoilées.

J'ai écrit le texte qui va suivre sur le bateau qui revenait de Douvres.


 


"14.07.07

     La Manche. Le bateau roule, et les gamins hurlent. Ils courent comme courrait un troupeau affolé, hystériques, au milieu du couloir. Je ne pense pas qu'ils soient vraiment humains.
Dehors, je n'arrive pas à trouver la nuit belle. Il y a un feu d'artifice sur Douvres, mais personne ne semble s'en apercevoir. Ils sont tous trop occupés à crier et à rire. On dirait la fête mouvante, mais comme distendue, sans aucune harmonie. Je crois que c'est le mot. Il n'y a aucune harmonie. Tout s'entrechoque et s'entrecoupe, comme un ballet dégenéré, malsain, nauséabond. Je ne sais pas si c'est la barrière du langage, que je ne cherche pas à comprendre, mais je ne leur trouve rien d'humain, de beau. Aucune discrétion, aucune pudeur, au regard perdu. Mickaël, lui, a un regard qui me plait, silencieux. Il me fait penser à "Et au milieu coule une rivière", le pêcheur à la mouche au milieu de l'eau, dans la nature. Malgré ses sursauts de violence, il reste à mes yeux l'image d'un enfant perdu au milieu de cette pornographie violente.
Alors je préfère détourner mes yeux sur le feu qui éclate au dessus des côtes anglaises. Ce qui est par essence bruyant est, dû à la distance, rendu silencieux. Ces apparitions de couleurs clinquantes dans la nuit sont surement les seules choses qui sont à leur place ici. Tout le reste, le bateau, les passagers, moi, tout le reste est noir. Noir et vide. Et Mickaël regarde."

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