Dimanche 3 octobre 2010 à 16:41

    Tu sais, notre nuit a été tellement irréelle que j'ai parfois du mal à me convaincre qu'elle a existé. 

 

J'ai peur qu'elle m'échappe. J'essaye de me souvenir de ta peau, de tes yeux, de tout ce qui s'est passé, mais tout est flou dans ma mémoire. Je ne me souviens plus de pourquoi il était si important que je m'en souvienne. Mais le souvenir est tellement fort qu'il reste à jamais marqué dans la paume de mes mains, comme une brûlure, comme un tatouage. J'aimerais entendre que tu parles de moi, mais c'est une cruelle déception, ils ont trop souvent des noms différents du mien. 

Alors pourquoi m'oublies tu de la sorte, comme si rien ne s'était passé ? On se reparle bien sur, de temps en temps, tard dans la nuit, on rit un peu, on s'expose quelques soucis personnels, mais bon sang, ta peau nue contre la mienne, tes soupirs, nos deux corps imbriqués l'un dans l'autre, tout ça pour rien, comme si de rien n'était, tout ça, oublié, foulé aux pieds de conversations banales quand tout ce qu'on devrait se crier disparait ?

 

J'ai de plus en plus de mal à être sur qu'on a baisé cette nuit là. Parfois, je me dis qu'on a peut-être même fait l'amour, toi et moi.

 

Vendredi 1er octobre 2010 à 0:17

    Le grand homme aux yeux froids cherchait le sexe et le plaisir, adorait se vautrer dans la tristesse, et les pensées noires. Il déambulait un peu partout, toujours dans l'ombre, derrière mon oreille, très souvent. Il a eu plusieurs noms, fut un temps je l'avais appelé Hyde, tout bêtement, comme si je n'étais qu'un innocent Docteur Jekyll. Mais il faisait partie de moi, c'était sur. Parfois, il me sussurait à l'oreille un simple "Saute-la." Et puis je souriais vaguement, je me faisais sourire, à être parfois aussi... comme ça. D-waves, c'était plus que ça, heureusement, il était triste pour moi, souvent, il mangeait ma tristesse, par grandes bouchées noires, il la prenait pour lui, comme une friandise délicieuse. Quand il voyait s'approcher les filles que j'allais aimer, il souriait derrière moi, presque gourmand. Il allait bientôt pouvoir reprendre du service. Et puis au final, il prenait tout pour moi, à ma place. Il venait se déverser ici, vous insuffler un peu de désespoir en passant.

    Hier, alors que j'avais un peu de mal à détacher mes yeux d'une fille, je l'ai senti me tapoter l'épaule. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps. Après le mois de mai, j'étais tellement dévasté qu'il était parti, lui même n'avait pu tout encaisser. Il n'avait pas vraiment changé, plus grand, plus fin que moi, deux grands yeux félins amusés par le malheur. Il ne parlait pas.

Il m'a regardé et a regardé la fille devant. J'ai fait oui de la tête, un peu résigné. Alors il est rentré en moi, comme on rentre chez soi, tranquillement, sans se presser, les clefs en main.


 

 

 

 



Mardi 28 septembre 2010 à 22:22

      C'est fou cette manière que tu as de m'échapper, de toujours sembler ailleurs, presque déjà partie, cette douleur absente qui me traverse quand je me rends compte que je ne fais absolument pas parti de ta vie. Il y a eu quelque chose, pourtant, un regard, fugace, et j'ai senti le lien qui nous a uni pour quelques instants, et qui reste encore quelque part à l'intérieur de nous. Même si je ne suis qu'une étape un peu sombre dans ton perpétuel voyage coloré, ce bonhomme un peu grandiloquent accroché à sa guitare, tu t'es arrêtée, ce jour là, et lorsque j'ai commencé à te caresser, tu m'as laissé faire. 

Tes cris de jouissance me hantent, souvent, et la manière dont tu te forçais pour les retenir, tes yeux ancrés dans les miens. 

Mardi 20 juillet 2010 à 14:59

    "-Quel est votre instrument préféré ?

- (un temps) ... C'est... difficile euh... A première vue je dirais facilement le piano, mais... Rien ne me semble plus profond et... me permet de m'exprimer autant. Même si je n'en joue que très très peu... J'aime beaucoup tous les instruments un peu étranges et difficilement trouvables aussi, qui ont des textures originales, des sons bien identifiables... L'harmonium, j'adore. (un temps) Non, le... Le violoncelle, je pense. C'est un peu mon instrument "fantasme". J'en mettrai partout (rire). Et comme je n'ai aucune idée de comment en jouer, il a gardé ce... mystère, que j'ai peut être un peu perdu avec les autres. Le son du violoncelle me fout en l'air, à chaque fois que je l'entends, c'est... Je sens qu'il est mien, qu'il... gravite dans cette sphère de musique que j'essaie de construire, si triste, et qui accompagne si bien les voix fragiles..." (il s'arrête un instant, réfléchit) ... "La voix humaine. C'est le seul instrument que je connaisse qui puisse déraper et "souffrir" autant, en restant magnifique. Dans le plus pur dénuement, tu ne parles plus de fausse note quand la voix se brise sous l'émotion. C'est ça, la... vraie puissance de la voix."



 

Samedi 5 juin 2010 à 14:35

    De blog en blog, tu tombes un peu au hasard de tes déambulations sur une autre fille déchirée, la pauvre, elle ne veut que boire, fumer, baiser, se défoncer encore, et encore. Tu respectes un peu cet état d'esprit, certaines personnes sont paumées et se détruisent, c'est la vie, Rimbaud, Verlaine, l'absinthe, finalement rien de nouveau sous le soleil, beaucoup se détruisent comme ils peuvent, à coups de bouteilles comme à coup de queues, passer l'été dans le brouillard léger de la défonce, ça rassure, le soleil tape trop fort, bien souvent, sur les tempes aux veines gonflées. Après tout...

Et puis quelques mots plus tard, entre les soucis et la défonce, tu lis qu'avec tout ça, elle s'en fout du bac dans deux semaines. Ta grande défonce de la vie, au final c'est quoi ? Une gamine de dix huit ans à peine. Pour en être à ce point dans l'autodestruction, t'as commencée à quel âge ? Quatorze ans, surement, les premiers spliffs, et puis plus, après, la coke, une fois, en soirée, pour essayer, parce que tu te sentais tellement grande.

Je sais que derrière tout ça, après que tu te sois bien défoncée, après que tu aies bien sucée deux ou trois mecs de passage, tu rentre chez toi, le lendemain, et tu t'endors le pouce de la bouche.

 Je me demande à quoi ta mère pense, quand elle vient te border.

 

 


 

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