Samedi 20 novembre 2010 à 19:56

    Parfois, une certaine angoisse sortie tout droit de mon enfance me saisit à la gorge. Je ne la comprends pas. Peut-être faisait-elle sens à l'époque, je ne la comprends plus. Je suis retombé par hasard sur une photo d'une actrice enfant qui me fascinait quand j'étais petit, et tout est remonté. Son sourire, son nez mutin, ses dents me fascinaient, et je me suis demandé ce que j'avais perdu, entre ce moment là et maintenant. J'avais imaginé m'enfuir avec elle, venir la chercher, qu'elle parte avec moi. Quelle était cette étincelle, cette poudre de Peter Pan qui me faisait rêver des heures durant, sans bouger, lorsqu'aujourd'hui je n'ai plus une seule minute à moi, perdu entre les papiers, les souvenirs douloureux, la peur du futur ? Je me suis souvenu à quel point je tremblais dans les bras de Barbara, à quel point je pouvais être amoureux à l'époque, amoureux fou, transi. Je me suis souvenu que j'avais remué ciel et terre pour trouver un centre d'appel ouvert à une heure du matin, pour pouvoir la joindre, parce que je refusais purement et simplement l'idée de ne pas l'appeler ce soir là, comme tous les soirs.

   Il y a quelques jours, en draguant une fille que je voulais simplement sauter, je me suis soudainement rendu compte de l'horrible situation dans laquelle je me trouvais. Je me suis excusé, je suis parti. Elle n'a pas du comprendre pourquoi ce jeune garçon amusant s'était soudain assombri, avant de fuir. Une seule question m'était venue en tête.
 "Et si elle tombait amoureuse de toi, connard ?"

Samedi 13 novembre 2010 à 16:20

    Le plus dur, je crois, est de devoir s'habituer à vivre avec la douleur quotidienne de son absence. Qui nous prend alors que finalement, tout le reste va bien, avance, fonctionne. Quitter quelques amis, se retrouver seul, et sentir subitement son visage nous submerger. Ou l'oublier, oublier les formes de son visage, ses yeux, et avoir peur, se sentir saisi d'effroi à l'idée de ne plus se souvenir, et de ne plus jamais pouvoir la revoir.
Parfois, je m'imagine tomber sur elle au détour d'un métro ; les portes s'ouvrent, elle est là, surprise, nous nous fixons. Même perdu dans mes pensées, il ne se passe rien. Nous échangeons un regard gêné, désespéré sous la violence et l'effroi pour ma part. Elle me regarde, de ce regard dont j'étais tombé amoureux, ce regard un peu triste, le plus beau regard que j'ai jamais vu dans les yeux d'une fille. Et puis le métro se referme sur elle, et l'emporte loin de moi, sans qu'elle ne m'ait quitté une seule seconde des yeux. C'est une véritable torture, à chaque fois. 
C'est un anniversaire funeste que je fêterai en silence, demain. Coïncidence, j'ai une session avec mon groupe de musique. Je pourrai crier en pensant à toi, sans que personne ne se retourne. Ton souvenir. Est partout.

Samedi 23 octobre 2010 à 1:55

    1h34. Ecouter en boucle Darjeeling Woods, simplement pour entendre sa voix. Se souler à ses hésitations, sa gêne, ses excuses, sa voix... J'avais triché en décidant d'évoquer la rupture avec ses paroles enregistrées sur mon téléphone portable. Finalement, à chaque fois que je l'écoute, c'est un peu plus qu'elle rompt avec moi, un peu plus qu'elle m'assassine, avec ce " Ne m'appelle pas, n'essaye pas de me joindre. Je n'en ai pas la force pour le moment." reçu dans un de ses derniers longs mails.
 
    Je pense que Darjeeling Woods est la plus belle chanson que nous ayons jamais écrite, parce que lorsque je l'écoute, je la revois, son sourire, ses yeux, le creux au fond de mon ventre depuis qu'elle n'est plus là. Et elle me fait mal.
 
 

 Elle me manque, bon sang, elle me manque terriblement.

 
Please go out,
see some friends,
   erase me, 
from your head,
forget me...

It's so hard when you're not arround.
 
 


'

Mardi 19 octobre 2010 à 12:29

    Je suis sorti précipitamment de l'hôtel, tremblant alors que j'appelais un taxi, tremblant alors que je lui jetai l'adresse en bégayant, tremblant alors que je contemplai mes mains secouées de spasmes. Elle dormait encore, là haut, dans la chambre 303, immobile et presque plus belle encore dans la pâleur du matin. Les premiers rayons de soleil devaient jeter quelques couleurs sur ses joues, sur ses jambes nues, sur le drap qu'elle tenait encore presque tendrement serrée dans ses poings.
    Tout à l'heure, lorsque la femme de service passerait et la verrait endormie, elle sortirait sur la pointe des pieds et afficherait le signe "ne pas déranger", sur la porte. A midi, les bruits du restaurant en face monteraient jusqu'à sa fenêtre que j'avais oublié de fermer. Avec toute cette agitation autour d'elle, elle aurait presque l'air vivante. 

Samedi 16 octobre 2010 à 22:54

    L'hiver est arrivé un peu par hasard, sans prévenir personne, un soir où je rentrais plus tôt du bar où j'avais passé quelques instants avec des amis et Léna, dont le souvenir me fait toujours un peu mal. En sortant du métro, j'ai été saisi par le froid et l'humidité du soir. Il pleuvait légèrement, et le brouillard de la nuit avait presque masqué la tour Eiffel, qui semblait subitement distante, presque irréelle. Les feux des voitures et toutes les lumières rouges, et jaunes clignotaient autour de moi, sous la bruine légère. Je ne sais pas si c'était les yeux de Léna me parlant avec gaieté de son petit ami ou le pressentiment de l'hiver approchant, mais je m'étais levé assez maladroitement de la table, pour aller acheter un paquet de cigarette au comptoir tout proche.

    Là, immobile au milieu des parapluies pressés, je me suis allumé ma première cigarette depuis Janvier. J'ai enfoui au fond de mon esprit tous les conseils des docteurs, et je me suis éloigné, tranquille, sur les premiers flocons de neige.

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