Mardi 22 avril 2008 à 7:50

Et observer ce paradis de lumières, les bras accoudés à la vitre baissée du train, devant leurs vies qui défilent, et les hâlos orangés des lampadaires rendent les rues sombres et banales plus belles encore. Electrelane m'avait bien dit "Rock it to the moon." mais je n'y suis pas arrivé. L'atmosphère est devenue orageuse et électrique alors j'ai assuré mon chapeau, j'ai rentré la tête dans les épaules, et j'ai foncé tout droit en direction du vent pour essayer de voir qui l'avait déclenché.

"Un paradis de poussière", m'avait dit James Sacré, je te montrerai les villes aux marchés de tous les jours, aux couleurs vivifiantes ternies par les grains de sables, et ma notion de l'amour, d'un geste un peu serré entre deux corps.

Triste fin, pour un article sans queue ni tête, comme Larcenet fit tuer le prince des voleurs d'un coup de revolver en pleine tête. Boîte crânienne explosée, fini Robin des Bois.

Et la princesse fait des trous dans ma moquette, et je ferais tout pour qu'elle ne devienne pas "Une petite fille silencieuse", prochain recueil destiné à noircir mes nuits blanches.

Bonne journée.

(Ou comment faire simple quand on peut faire compliqué.)


Vendredi 18 avril 2008 à 22:47

     Il y a eu ce moment ou je suis rentré seul, pendant une heure, jusque chez moi, avec les champs balayés par le vent, l'immensité du ciel sans nuage, et mon corps minuscule et insignifiant qui criait, et courait au milieu des pommiers. Il y a eu ce moment hors des hommes et du temps, où tous mes problèmes sont partis avec la brise, et où je n'ai plus été qu'un simple animal sur la  Terre, conscient de la chance qu'il avait. Il y a eu ce moment que ne berçait aucune musique, aucun poème, aucun sentiment connu. Il y a eu les arbres qui frémissent, les hommes qui disparaissent, et moi qui insultait les voitures, leur vitre fermées, et leur air conditionné. Il y a eu des champs, beaucoup de champs et d'herbe verte, des barrières de western, et des chevaux derrière, et moi qui courait au milieu de ce monde paisible, en criant comme l'enfant qui s'était caché tout au fond de moi. Et j'ai couru avec le vent, je me suis rué dans les hautes herbes en écartant les bras, et le dieu du vent était là, qui me regardait avec bienveillance m'entortiller dans ses flux d'air. Et tout ça existe.

Quand je suis descendu du car, le lendemain, il a arrêté de pleuvoir au moment où j'ai posé le pied par Terre.

Lundi 14 avril 2008 à 23:14

    Il y a des chansons qu'il faut apprivoiser. On les déteste à la première écoute, et plus on les réecoutent, plus on les apprécient. Et un jour on ne peut plus s'en passer.



Samedi 12 avril 2008 à 13:14

    Je viens de redescendre sur Terre. Mercredi Soir, je me suis posé à
à Anvers, en Belgique, un peu étrange d'être aussi loin de chez moi, d'ailleurs. Ca faisait tellement longtemps que j'ai eu du mal à reconnaître tout ce qui m'était famillier, auparavant. Les arbres, les pavés orangés sous la lumière des lampadaires, tout m'était nouveau, sous un jour différent. J'ai essayé de reprendre contact avec les autres humains, mais tout est très difficile, et je n'ai pas pu parler beaucoup. Ils m'ont l'air tous fades, et sans intérêt, et quelques autres ne sont toujours pas redescendus, de toute façon. C'est reprendre les vieilles habitudes qui me sera le plus difficile, tous ces gestes du quotidien qui me semblaient sublimés, quand j'étais encore en haut. Je m'isole en attendant, peut-être que tout reviendra si je n'y fais pas attention.
    C'est surtout l'arrivée qui a été difficile, me poser et prendre conscience de tout ce que j'avais laissé en haut. Maintenant je ne dirais pas que je souffre du mal des hauteurs, comme on souffre du mal du pays. Non, c'est plutôt un état ambiant, ou je ne suis jamais vraiment heureux. De toutes petites touches me rapellent comment c'était, là haut, et je suis pris de légères convulsions, physiques, je tremble, un peu. J'espère que ça passera. Je redécouvre le monde, maintenant, et je n'y vois plus rien d'intéressant. Ou sont passées toutes les choses qui me charmaient, vues d'en haut ? Je ne retrouve même plus rien de ce que j'avais laissé en partant.

 Qu'est ce qu'il me reste à l'arrivée ? Plus grand chose. Tout est différent en bas, étrangement hostile, même. Il y avait un autre cosmonaute qui était là pour m'accueillir quand je suis redescendu. Il avait réussi à décoller il n'y a pas longtemps et était redescendu il y a une ou deux semaines. On a ressassés nos souvenirs, et même pleurés, pas mal. On a parlé du temps qu'on ne voyait pas passer et qui passait si vite, des bons et des mauvais moments, de cet endroit qu'on adorait, et où l'on desespère de retourner. Je le regardais pendant qu'il était assis à côté de moi, et je voyais dans ces yeux qu'il n'était pas encore revenu de cet endroit dont on parlait, parce qu'il n'acceptait pas d'être redescendu sur Terre et qu'il aurait voulu, comme nous tous, rester là haut.

Pourtant on m'avait prévenu que j'allais bientôt revenir, mais j'avais repoussé tout ça jusqu'au dernier moment, et c'est juste quand je me suis retrouvé sur ce banc dans cette ville pas loin d'Anvers, à côté d'une auberge de jeunesse qui ne la retrouvait pas, que j'ai réalisé que le voyage était terminé. Je me souviens avoir ri nerveusement, en m'éloignant, d'un de mes grands rires un peu malsain, et m'être arrêté à côté de l'autoroute pour insulter les voitures, et tous ceux qui n'y étaient pour rien.

J'ai passé près de cinq mois là haut. Aujourd'hui, ce sont mes premiers pas de cosmonautes sur Terre, revenu de tout là haut. Et son apesanteur me manque.

Dimanche 6 avril 2008 à 15:58

    Cela fait cinq minutes que j'essaye de commencer cet article, mais j'efface, je reprends, je recommence. Je n'arrive même plus à écrire ce que je ressens. Ce n'est pas que je n'arrive plus à écrire, au contraire la souffrance m'aide, j'ai même terminé le scénario d'un court métrage, ce matin. Simplement je ne peux plus parler de moi, parce que c'est trop présent, trop dur à supporter. Ce n'est plus la colère, ou le rejet, ou l'énervement. Non, c'est la peur, réelle et bien présente de me retrouver seul. Parce que quand on a eu ce que j'ai eu, ou que j'ai peut-être encore, mais pour si peu de temps, rien n'est comparable, tout est fade, et horriblement triste. Et l'on est prêt à tout oublier, pour repartir comme avant.

Quand elle ne doutait pas
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