Mardi 19 octobre 2010 à 12:29

    Je suis sorti précipitamment de l'hôtel, tremblant alors que j'appelais un taxi, tremblant alors que je lui jetai l'adresse en bégayant, tremblant alors que je contemplai mes mains secouées de spasmes. Elle dormait encore, là haut, dans la chambre 303, immobile et presque plus belle encore dans la pâleur du matin. Les premiers rayons de soleil devaient jeter quelques couleurs sur ses joues, sur ses jambes nues, sur le drap qu'elle tenait encore presque tendrement serrée dans ses poings.
    Tout à l'heure, lorsque la femme de service passerait et la verrait endormie, elle sortirait sur la pointe des pieds et afficherait le signe "ne pas déranger", sur la porte. A midi, les bruits du restaurant en face monteraient jusqu'à sa fenêtre que j'avais oublié de fermer. Avec toute cette agitation autour d'elle, elle aurait presque l'air vivante. 

Dimanche 3 octobre 2010 à 16:41

    Tu sais, notre nuit a été tellement irréelle que j'ai parfois du mal à me convaincre qu'elle a existé. 

 

J'ai peur qu'elle m'échappe. J'essaye de me souvenir de ta peau, de tes yeux, de tout ce qui s'est passé, mais tout est flou dans ma mémoire. Je ne me souviens plus de pourquoi il était si important que je m'en souvienne. Mais le souvenir est tellement fort qu'il reste à jamais marqué dans la paume de mes mains, comme une brûlure, comme un tatouage. J'aimerais entendre que tu parles de moi, mais c'est une cruelle déception, ils ont trop souvent des noms différents du mien. 

Alors pourquoi m'oublies tu de la sorte, comme si rien ne s'était passé ? On se reparle bien sur, de temps en temps, tard dans la nuit, on rit un peu, on s'expose quelques soucis personnels, mais bon sang, ta peau nue contre la mienne, tes soupirs, nos deux corps imbriqués l'un dans l'autre, tout ça pour rien, comme si de rien n'était, tout ça, oublié, foulé aux pieds de conversations banales quand tout ce qu'on devrait se crier disparait ?

 

J'ai de plus en plus de mal à être sur qu'on a baisé cette nuit là. Parfois, je me dis qu'on a peut-être même fait l'amour, toi et moi.

 

Samedi 5 juin 2010 à 14:35

    De blog en blog, tu tombes un peu au hasard de tes déambulations sur une autre fille déchirée, la pauvre, elle ne veut que boire, fumer, baiser, se défoncer encore, et encore. Tu respectes un peu cet état d'esprit, certaines personnes sont paumées et se détruisent, c'est la vie, Rimbaud, Verlaine, l'absinthe, finalement rien de nouveau sous le soleil, beaucoup se détruisent comme ils peuvent, à coups de bouteilles comme à coup de queues, passer l'été dans le brouillard léger de la défonce, ça rassure, le soleil tape trop fort, bien souvent, sur les tempes aux veines gonflées. Après tout...

Et puis quelques mots plus tard, entre les soucis et la défonce, tu lis qu'avec tout ça, elle s'en fout du bac dans deux semaines. Ta grande défonce de la vie, au final c'est quoi ? Une gamine de dix huit ans à peine. Pour en être à ce point dans l'autodestruction, t'as commencée à quel âge ? Quatorze ans, surement, les premiers spliffs, et puis plus, après, la coke, une fois, en soirée, pour essayer, parce que tu te sentais tellement grande.

Je sais que derrière tout ça, après que tu te sois bien défoncée, après que tu aies bien sucée deux ou trois mecs de passage, tu rentre chez toi, le lendemain, et tu t'endors le pouce de la bouche.

 Je me demande à quoi ta mère pense, quand elle vient te border.

 

 


 

Dimanche 2 mai 2010 à 1:17


      Sans préliminaires aucun, il faut que je vous fasse partager ce sentiment que j'ai vêcu il y a trois jours, mon coeur explosant, mes mains tremblantes, les regards de complicité, la musique, enfin, et en tout.


Vendredi, nous avons avec mon groupe de musique effectué notre première répétition dans un studio de musique, les Basement, à Paris, avec du matériel de live, des micros, des tout ce que tu veux à portée de main.

On a décidé de jouer Slowing Our Heart Beats, qui n'est que l'intro d'une chanson inédite nommée "Enfer Et Contre Tout." J'aime beaucoup cette composition, parce qu'elle est fiévreuse et hantée, et c'est ce que je veux atteindre dans ma musique, un stade où les notes de piano foutent mal à l'aise et déchirent les entrailles, un stade où je m'emporte à mon micro, pris dans les paroles et l'intensité de ce que j'essaye de faire passer.
 

C'était la première fois que je me mesurais à un micro par rapport à une composition, surtout une aussi personnelle et intense. Comment exprimer ça... C'est comme un sentiment qui part de très loin dans les entrailles et qui commence à faire trembler votre corps entier. Ma jambe bat la mesure, et je sens la fièvre envahir mes épaules, mes bras. Mes mains se crispent sur le micro, et pendant que la fièvre gagne mes yeux, je commence à chanter la lente descente aux enfers de la chanson. Open chord de la, piano hanté, répétitif, imposant. 

Break.

"Je reste enfer, et contre tout, je reste enfer, et contre toi". Déchainement. Le piano prend toute sa mesure sur sa nouvelle structure et me déchire les entrailles, je me balance compulsivement comme agité par la souffrance que j'essaye de faire passer à ceux qui m'écoutent. J'ai sorti le micro du stand, il est collé contre moi dans ma main gauche, mon autre main se saisit du stand et le presse entre mon torse et mon bras droit, oscille, chancelle avec. Je déraille. La chanson se termine sur un cri de frustration, bref, et sans appel. Je met cinq secondes à revenir à la réalité. "Bon, elle était pas mal, il faudrait qu'on la reprenne pour bien fixer ces guitares, surtout pour la transition à la fin de l'intro. Okay."

Pendant six minutes, j'ai été catapulté en enfer. Dans mon enfer, mes passions, mes pulsions, j'ai pu enfin extérioriser ce qui me ronge. C'était fantastique. Je suis taillé pour le live, je sens qu'il me bouscule de l'intérieur, qu'il ne cherche qu'à sortir, à montrer au monde ce que c'est que ma détresse.

Les gens jugeront de notre talent, mais ils ne pourront pas dire que je manque d'intensité. L'intensité, la fièvre, voilà ce qui me lance et me poursuit, me colle devant un micro, me fait chanter. Parce que quand le dernier son mourant s'échappe de mes lèvres, j'accède enfin à ce que mon corps assailli réclame depuis bien longtemps.


L'apaisement.




 

Lundi 8 mars 2010 à 1:48

   J'ai envie d'appartenir à nouveau à quelqu'un.


J'en ai marre de contempler cette page facebook et me demander s'il aurait pu arriver quelque chose. J'en ai marre de contempler cette photo et me demander s'il arrivera quelque chose. Y a les filles que tu baises, y a les filles que tu aimes, on aimerait bien qu'elles soient les même, mais c'est pas ça la vie, tu baises et tu regrettes, et tu penses aux autres. 

 

    Moi j'ai tout arrêté, maintenant, je regarde un peu les gens vivre, je demande plus grand chose. J'ai arrêté de fumer, j'ai arrêté de courir derrière elle, j'ai arrêté d'y croire. Je me balade, les mains dans les poches, doucement, et je laisse tout arriver, sans rien faire. Quand je rentre chez moi je prends ma guitare et j'écris des chansons, sur telle fille ou telle autre, les filles d'avant. Aujourd'hui il ne m'arrive plus rien, je ne laisse plus rien m'arriver, ça fait trop mal au coeur le jour des bilans. J'ai l'air un peu amer, mais c'est de la résignation, et puis de la tristesse un peu. J'aimerai bien qu'elle m'aime, j'arrêterai de quitter les draps des autres en me traitant de con, mais faut pas trop croire aux contes de fées.

Ca donne de jolies chansons, au final, qu'est ce que tu veux que je te dise. C'est ce qui me fait me sentir si proches des chanteurs, ce qui fait que j'en suis un, peut-être. On aura jamais les filles qu'on aime, elles seront toujours ailleurs, dans les bras de quelqu'un d'autre. Et nous, on restera toujours un peu sur le côté, les mains dans les poches, à s'improviser les paroles de la prochaine chanson qu'on écrira pour avoir moins mal au ventre. 

J'ai pas envie de vous mettre de paroles, ou je sais pas quoi, je suis amoureux et misérable, parfois, souvent, bien souvent. Bloqué devant son sourire, ses cheveux blonds, ses yeux qui pétillent, comme un con.
 

 

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