Dimanche 1er mai 2011 à 1:01

    En fin de soirée, juste après avoir apporté la patte finale à Darjeeling Woods et m'être enivré de cette voix que j'ai entendu mille fois et qui me trouble encore, je suis passé en voiture à quelques kilomètres de chez moi. Les heures étaient chaudes et lourdes, nous roulions doucement, fenêtres ouvertes, laissant derrière nos phares les rues désertes et les volets fermés. J'étais perdu dans mes pensées, accoudé à l'extérieur, lorsqu'une crinière rousse à déchiré la nuit. Elle avançait lentement, ses mouvements décomposés par les phares, dansant presque entre les lueur grises et blanches. Un garçon la précédait, ils riaient, sans prendre garde à notre présence, et au moment que je leur volais. En la détaillant, j'ai aperçu ses lunettes, le piercing, les yeux peut-être. Elle semblait joyeuse, souriait, il l'attendait. Ils ont tournés dans une rue, un peu avant qu'on ne les dépasse.

Cruelle coïncidence et triste cadeau de fin de mixage, j'ai bien peur d'avoir reconnu Tiphaine.


Lundi 4 avril 2011 à 21:57

     Et, alors qu'en contrebas passaient au ralenti les trains aux fenêtres éclairés sur les voies noires, alors qu'accoudé à la balustrade, je fumais une énième cigarette en essayant toujours de ne pas penser aux trop bons souvenirs, alors qu'au rythme des dépressions mélancoliques de Ghinzu Paris s'enroulait lascivement dans ses draps de nuit, j'ai vu ma première étoile filante.

Léna a rejoint la poussière de neige.

Mercredi 19 janvier 2011 à 18:33

        Léna a pris beaucoup d'importance.

 

    On s'est embrassés, rue des Lombards, longtemps. Elle m'a fixé un objectif. J'ai arrêté de coucher à droite à gauche, complètement. Dis non à certaines filles. Je lui ai offert une rose blanche, qui portait le même nom qu'elle. On s'est vus, beaucoup, le long des quais de Seine, elle m'a parlé de ses parents, de sa vie, elle m'a montré son coin préféré de Paris, sublime. Alors que le soleil se couchait, il a reflété son éclat rose sur les flots de la Seine qui ont subitement changés de couleur. Dans la lueur du soir couchant, elle était subitement presque rousse. Elle souriait beaucoup, m'a remercié pour cette parfaite journée.

  Je me suis attaché à Léna. On s'appelait, pas mal, je lui ai fait découvrir la musique que j'écoutais, elle a adorée, je l'ai présenté à mes amis, tout s'est très bien passé. J'ai commencé à penser à elle, le soir, avant de m'endormir.

  Et puis rien n'était clair, elle ne savait pas, elle voulait voir. Savait-elle ce que j'avais ressenti en l'embrassant une première fois au milieu des pavés de Beaubourg, lorsqu'elle s'était réfugiée dans mon cou ? Etait-ce l'alcool qui parlait, mais pourquoi aussi longtemps, et pourquoi encore une fois, rue des Lombards, pourquoi cette intensité ?

   Aujourd'hui, je cours, parce qu'il faut que je pense à autre chose, je cours comme un dératé sur mon tapis de salle de sport, parce que je ne sais rien faire d'autre, qu'il faut que je t'oublie, que je pense à autre chose. Et je me rends compte que je n'ai plus aucune raison de courir. Cette après midi, comme tous les jours, j'ai eu envie de t'envoyer un mot, de t'appeler, mais tu as été assez clair, nous n'avons pas d'avenir, trop compliqué, toi qui sort d'une trop longue relation, qui ne te voit avec personne. Moi je me voyais bien avec toi. Je nous voyais vraiment ensemble. 
 

Il y a une rose qui finit de mourir, quelque part près d'une fenêtre, dans ton appartement. Je n'ai pas cette chance. 

Samedi 20 novembre 2010 à 19:56

    Parfois, une certaine angoisse sortie tout droit de mon enfance me saisit à la gorge. Je ne la comprends pas. Peut-être faisait-elle sens à l'époque, je ne la comprends plus. Je suis retombé par hasard sur une photo d'une actrice enfant qui me fascinait quand j'étais petit, et tout est remonté. Son sourire, son nez mutin, ses dents me fascinaient, et je me suis demandé ce que j'avais perdu, entre ce moment là et maintenant. J'avais imaginé m'enfuir avec elle, venir la chercher, qu'elle parte avec moi. Quelle était cette étincelle, cette poudre de Peter Pan qui me faisait rêver des heures durant, sans bouger, lorsqu'aujourd'hui je n'ai plus une seule minute à moi, perdu entre les papiers, les souvenirs douloureux, la peur du futur ? Je me suis souvenu à quel point je tremblais dans les bras de Barbara, à quel point je pouvais être amoureux à l'époque, amoureux fou, transi. Je me suis souvenu que j'avais remué ciel et terre pour trouver un centre d'appel ouvert à une heure du matin, pour pouvoir la joindre, parce que je refusais purement et simplement l'idée de ne pas l'appeler ce soir là, comme tous les soirs.

   Il y a quelques jours, en draguant une fille que je voulais simplement sauter, je me suis soudainement rendu compte de l'horrible situation dans laquelle je me trouvais. Je me suis excusé, je suis parti. Elle n'a pas du comprendre pourquoi ce jeune garçon amusant s'était soudain assombri, avant de fuir. Une seule question m'était venue en tête.
 "Et si elle tombait amoureuse de toi, connard ?"

Samedi 13 novembre 2010 à 16:20

    Le plus dur, je crois, est de devoir s'habituer à vivre avec la douleur quotidienne de son absence. Qui nous prend alors que finalement, tout le reste va bien, avance, fonctionne. Quitter quelques amis, se retrouver seul, et sentir subitement son visage nous submerger. Ou l'oublier, oublier les formes de son visage, ses yeux, et avoir peur, se sentir saisi d'effroi à l'idée de ne plus se souvenir, et de ne plus jamais pouvoir la revoir.
Parfois, je m'imagine tomber sur elle au détour d'un métro ; les portes s'ouvrent, elle est là, surprise, nous nous fixons. Même perdu dans mes pensées, il ne se passe rien. Nous échangeons un regard gêné, désespéré sous la violence et l'effroi pour ma part. Elle me regarde, de ce regard dont j'étais tombé amoureux, ce regard un peu triste, le plus beau regard que j'ai jamais vu dans les yeux d'une fille. Et puis le métro se referme sur elle, et l'emporte loin de moi, sans qu'elle ne m'ait quitté une seule seconde des yeux. C'est une véritable torture, à chaque fois. 
C'est un anniversaire funeste que je fêterai en silence, demain. Coïncidence, j'ai une session avec mon groupe de musique. Je pourrai crier en pensant à toi, sans que personne ne se retourne. Ton souvenir. Est partout.

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