Dimanche 20 novembre 2011 à 1:06

 
Elle avait trouvé cette parade fantastique qui constituait à tout leur offrir, sans jamais rien leur donner.

Dimanche 13 novembre 2011 à 23:01

    Je m'écoute tout l'album de Fantaisie Militaire. De la première à la dernière piste. J'ai un goût amer dans la bouche. Il faut que j'arrive à écrire un magnifique roman. Je n'ai aucune idée de quoi faire d'autre de ma vie. Je me suis fait un nouvel ami.

"On m'a vu dans le vercors, sauter à l'élastique, voleur d'amphores..."

    Il connaît les paroles par coeur, justement. J'aime bien ce type. J'avais besoin de nouveauté depuis l'hiver, je crois, ça me fait du bien de passer du temps avec un type qui ne connaît aucun de mes amis. Il en faudrait peu pour que ma vie soit complète, en ce moment, je suis assez bien, même si je me sens terriblement mal. Mes ballades, mes après midi à me réfugier au Starbucks à écrire, seul. Les serveurs me disent tous bonjour. Ils m'ont prêté des écouteurs, il y a quelques jours, j'avais stupidement oublié les miens. Si je pouvais faire plus de ça, et moins de faculté insignifiante et ridicule, moins d'ennuis, plus de fuite...

    "Au pays des matins calmes..."
 

    Je n'ai pas encore parlé de femmes, ou de filles. Je crois qu'il n'y a plus qu'Appoline qui importe pour mon futur. On est rarement déçus par ses propres créations. Pour l'instant je ne l'ai vu que par une fenêtre, elle avait des bracelets au bras.
 

"La Belle au Bois Dormant a fermé ses écoutilles... Elle hiberne."

 

C'est une première historique sur ce blog. En six ans, c'est la première fois que je ne mens pas lorsque je dis que je suis défoncé par la drogue.

Dimanche 30 octobre 2011 à 21:38

      j'imagine que si six ans après, je me retrouve encore à l'affiche de Cowblog, je me dois de fêter ça en publiant quelque chose...

 

     Cinq heures de route à travers la Sologne, à la recherche du manoir mystérieux d'Alain Fournier et de son magnifique Grand Meaulnes. Cinq heures de silence, aussi, et beaucoup trop de bruit, parfois. J'aurai du venir seul.
    La solitude, quoi de plus beau que la solitude ? Loin des autres et de leurs soucis, loin des miens surtout, loin de tout ce qui m'empêche de penser librement aux petites choses sans importances de la vie.

Près de la Seine, avant hier ? Dans mon casque qui m'isole du monde, une chanson que j'avais écrite étant adolescent surgit soudain. Je note sur mon carnet "Sur un bateau mouche qui passe, une jolie mexicaine remet sa veste en jean sur un haut rouge. [...] Des bateaux qui passent et repassent dans le silence de mes quatorze ans."

    Je crois que je refuse d'écrire sur le plus important. La censure, ici, je n'y aurai jamais pensé. Pourtant...


    "Ma chambre non plus n'avait pas changée. Quelques objets impersonnels encadraient un lit aux couvertures monochromes, sans chaleur. Je n'étais pas très attaché à mon cadre de vie, et même à Paris, mon appartement ressemblait plus à un logement-témoin qu'autre chose. J'avais toujours voulu y faire installer un piano, pourtant. Je ne savais pas jouer, mais j'avais connu un ami qui était très doué, et dont le simple jeu me fascinait, et me calmait. Il avait des mains extraordinaires, longues et fines, et une mémoire fantastique pour les dates, comme pour les sonates, qu'il jouait sans trop y réflechir. Je lui demandais souvent de m'interpréter du Satie, pour son apesanteur, et ses rêveries. Il préférait Rachmaninov, sa technique, ses prouesses."

"Ses doigts filaient sur les touches de bois noires et blanches, affluaient et refluaient comme une marée montante, cambrés gracieusement dans l'effort, comme l'encolure de dix chevaux de courses. "

 

    Le soleil à travers la vitre. Elle dort, recroquevillée sur elle-même, pas trop loin de mon bras. Pas trop près, non plus.


 

 

Lundi 24 octobre 2011 à 0:24


     Elle s'appelle Endorphine, et je la préfère le soir, dans la lueur des phares qui s'éloigne...

 

J'ai trouvé le prénom de la fille, grâce à elle. Je le donnerai plus tard. Elle a conservé ses sous-vêtements dans son sac, après l'amour. Détail troublant.

 

" Au même moment ailleurs, on se préparait à sortir, on soignait son apparence. Des mauvais garçons devaient glisser quelques capotes dans les pochettes arrière des portefeuilles, en espérant s'en servir avant la fin de la nuit. On attendait les voitures qui viendraient nous chercher. Bientôt, on reléguerait la solitude pour quelques heures nouvelles d'extase et d'abandon. On danserait sous les lueurs traumatiques et syncopées des spots. Les corps se découperaient, s'entrelaçeraient. On saisirait une fille à bras le corps, peut-être, on la prendrait à la passion dans un appartement obscur dont la nuit nous cacherait les contours. Le désir arrogant, qui n'écoute personne, m'a fait légèrement trembler, un début d'érection mal placé s'est emparé de mon bas-ventre. Dans quelle optique ? J'ai repensé à Mathilde. A ses seins nus. Peut-être à défaut d'une mère avais je besoin de m'abandonner entre les bras d'une femme. Les endorphines libérées par un orgasme sans plaisir m'accorderaient tout de même le sommeil.


    -Tu refumes ?
    Il semblait tiraillé par l'idée de la cigarette, et massait nerveusement de son pouce l'emplacement vide et jauni entre son index et son majeur.
    -Tu en veux une ?
    -Non… Je ne fume pas.
    Il a reposé le paquet, presque soulagé. Il n'était pas rasé, et une maigre barbe blanche commençait à envahir son visage vieillissant.
    -Non, moi non plus.
    Il a montré la table d'un coup de menton.
    -Le costume, c'est pour toi.
    J'ai regardé l'ensemble noir. Il a reprit :
    -Il faudra que tu l'essayes, mais c'est le seul.
    Je n'ai pas répondu. Il était sûrement un peu court. Le costume avait d'évidence été acheté pour Gabriel, sans qu'il ne l'utilise qu'une ou deux fois. J'étais un peu plus grand, un peu plus maigre, mais ce n'était l'affaire que de quelques centimètres. Si je l'avais revu, il ne m'aurait sûrement, comme à son habitude, pas adressé la parole. Et pourtant dans deux jours, j'enfilerai son costume, et j'irai l'enterrer.
    -Une pluie comme ça en juin… C'est du gâchis.
    Small Talk. Du babillage. C'était une étudiante américaine qui m'avait appris l'expression, à l'époque où j'allais encore traîner dans les bibliothèques pour faire semblant d'y préparer mes diplômes. Elle était petite et vive, et m'avait soutenu qu'on ne faisait jamais plus de small talk qu'avant de faire l'amour. Avant de la prendre contre la commode de son minuscule studio, j'avais refusé de lui adresser la parole, par simple esprit de contradiction."

 

 



 

Samedi 13 août 2011 à 2:28

     Ça y est. Ça arrive. Je commence à oublier les nuit que j'ai passée avec deux d'entre elles. J'essaye de reconstituer son visage et son expression, mais ma mémoire y colle des photos d'elle qui n'ont rien à voir avec l'événement, comme pour excuser un système défaillant. Je ne veux pas oublier le regard terriblement excitant qu'elle m'avait jeté, en retournant son visage vers moi, alors que je la plaquais contre le lit, à chaque fois un peu plus loin. Les gouttes qui perlaient le long de son dos brillant et maculé de sueur, ses cheveux longs et souples collés à son front. Est-ce qu'elle gémissait ou est-ce qu'elle criait ? A quoi ressemblait ses ahanements ? Cela je ne m'en souviens pas. Si je n'écris pas tout ça, bientôt il ne restera plus rien. J'ai lu avec terreur qu'un souvenir remplaçait toujours la version précédente, à chaque fois qu'on l'invoquait au sommet de notre mémoire. Oublierais-je pourquoi je suis tant fasciné, un an plus tard, par l'intensité de l'acte sexuel qui nous avait unis ce soir là, par l'hésitation, et l'absolue étrangeté de l'approche ?

Peut-être en avait-elle envie depuis longtemps. Nous avions tous les deux couchés avec nos avatars, ce soir là, je cherchais son image et elle fantasmait Distantwaves. Le plus troublant à peut-être été que ce furent finalement François et elle, simplement elle, qui se retrouvèrent nus, l'un à l'intérieur de l'autre, reprenant leur souffle et finalement plus ensemble que ne l'avaient jamais été leurs pseudonymes. Il faut à tout prix que je conserve ce moment, ses tâches de rousseur et sa peau blanche.

Et bien plus loin que nos deux sexes, ce regard, son regard, ceux que ne connaissent que ceux qui l'ont un jour possédée, et l'abandon dans la jouissance, ce formidable instant d'intimité qu'elle m'a offert lorsque, au plus fort du moment, et pour quelques secondes, elle a enfin été à moi. A moi. A moi. A moi !

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