J'ai décidé, pendant un de mes rares passages sur ce blog avant Septembre, d'inaugurer une nouvelle catégorie, baptisée "Black n' Red". Et là je vous vois venir, tous autant que vous êtes avec vos gros sabots (vernis ou non)? Non je n'ai pas tourné emo pendant que vous ne regardiez pas. Non cette catégorie s'appelle comme cela car c'est le nom du carnet d'où proviendront les articles que je posterai sous son sceau.
Avec la perte de mon ordinateur il fallait bien que j'écrive quelque part, me direz vous. J'ai donc investi dans un petit carnet noir relié de rouge, qui rentrait parfaitement dans la poche de ma veste en cuir. Et j'ai écrit assez constamment dessus. Dans cette catégorie je posterai des extraits de ce carnet qui valent la peine selon moi d'être publiés. Quant aux autres... ils resteront à jamais témoins anonymes de mes humeurs non dévoilées.
J'ai écrit le texte qui va suivre sur le bateau qui revenait de Douvres.
"14.07.07
La Manche. Le bateau roule, et les gamins hurlent. Ils courent comme courrait un troupeau affolé, hystériques, au milieu du couloir. Je ne pense pas qu'ils soient vraiment humains.
Dehors, je n'arrive pas à trouver la nuit belle. Il y a un feu d'artifice sur Douvres, mais personne ne semble s'en apercevoir. Ils sont tous trop occupés à crier et à rire. On dirait la fête mouvante, mais comme distendue, sans aucune harmonie. Je crois que c'est le mot. Il n'y a aucune harmonie. Tout s'entrechoque et s'entrecoupe, comme un ballet dégenéré, malsain, nauséabond. Je ne sais pas si c'est la barrière du langage, que je ne cherche pas à comprendre, mais je ne leur trouve rien d'humain, de beau. Aucune discrétion, aucune pudeur, au regard perdu. Mickaël, lui, a un regard qui me plait, silencieux. Il me fait penser à "Et au milieu coule une rivière", le pêcheur à la mouche au milieu de l'eau, dans la nature. Malgré ses sursauts de violence, il reste à mes yeux l'image d'un enfant perdu au milieu de cette pornographie violente.
Alors je préfère détourner mes yeux sur le feu qui éclate au dessus des côtes anglaises. Ce qui est par essence bruyant est, dû à la distance, rendu silencieux. Ces apparitions de couleurs clinquantes dans la nuit sont surement les seules choses qui sont à leur place ici. Tout le reste, le bateau, les passagers, moi, tout le reste est noir. Noir et vide. Et Mickaël regarde."