Cet article à été écrit en réponse à un article de l'excellent blog de Minor-Catastrophes, Lucy pour les intimes, Zulma la Fouetteuse pour les très intimes mais là on ne voit qu'un Poney pour correspondre à la description.
Sur ces bonnes paroles, on envoie la musique, et faites moi plaisir, débarassez vous de vos préjugés imbéciles avant de cliquer sur play. A vrai dire, débarassez vous de vos préjugés imbéciles dès la base, avant de cliquer sur le lien de mon petit chez moi, déjà ça encombre dans les coins, c'est moche, et on voit bien que c'est pas vous qui nettoyez. Sur ce :
Bien, maintenant, vous avez votre avis, et on se lance dans l'analyse.
   Premièrement, inutile de revenir sur le clip, on a déjà tout dit chez Minor, et je tiens quand même, dans mon habituel esprit d'observateur impartial et ironique, à rajouter qu'il ne sert A RIEN si on est puriste de s'attaquer à un clip comme celui ci en disant qu'il est tout sauf représentatif de l'époque. Bien sur qu'il l'est, parce que l'époque était moche, et comme chacun le sait le moche ne fait pas vendre. Or ce clip est à vertu commerciale. Ne cherchons donc pas le pourquoi du comment on aurait pu faire beaucoup mieux blablabla c'est inutile, ça n'aurait pas vendu. Triste monde me direz vous, mais c'est comme ça, quand l'époque est à la sauce emo on rajoute de la sauce emo.
Bon maintenant, le plus intéressant:
Il se trouve que par pure coïncidence, j'avais écouté une première fois la chanson, sans voir le clip chez ce bon Pyrus, hier matin, et qu'elle m'était restée dans la tête au point de m'être dit qu'il fallait que je la réécoute. Allons y donc pour la description.
Pour moi c'est un morceau de pop rock assez malheureusement chirurgical. Le début est particulièrement typique, et donc déjà vu, clavier électrique et pointes de guitare, suivies par un violon qui sert de basse et de transition, jusqu'ici rien de bien anormal, et si j'avais arrêté le morceau à ce moment là , mon attention n'aurait pas été retenue pour un sou.
Toutefois, là ou l'oreille se dresse, c'est à l'écoute du refrain, et plus particulièrement à la première "envolée" de "je voue mes nuits à l'assassymphonie" qui est au passage un jeu de mot qui ne me parait pas mauvais, personnellement, même si ça à pu rendre grincheux les grincheux. La première chose qui m'a percuté est l'utilisation de l'orgue électrique, et sa montée dans les aiguës note par note, ce qui est une EXCELLENTE idée, et booste complètement le morceau. On est déjà plus punchy avec le riff de guitare et la batterie, mais tout est conventionnel, sauf ce foutu orgue qui rend la chose beaucoup plus intéressante, et qui donne ce qu'on attend d'un bon morceau: la partie qui nous restera dans la tête.
Après un retour à la transition plus que banale (on arrête la musique, et on reprend le premier couplet, fascinant.) on retrouve l'orgue sur le refrain appuyé par les violons, c'est fair play, ça aide, on comprend, ça enlève un peu plus le morceau. Soit.
    Et la chose qui m'a alors marqué à l'écoute de la deuxième partie, qu'on peut qualifier de break du morceau, c'est tout de même son EXTRAORDINAIRE ressemblance avec William Sheller. Prends le temps de te reposer un instant sur ce break, petit lecteur, et si tu connais un peu Sheller, cela devrait te sauter aux yeux à la manière du faucon sur le petit lapin comme j'ai été moi même été agressé en ce froid mois de décembre d'il y a hier matin. C'est typiquement Shellerien cette voix qui suit le piano dans les montées et les descentes, et ça ressemble même étrangement à un petit bout de Symphoman (rapide vérification... Le voici: http://www.jiwa.fr/#track/931343 à 4:00 si tu es curieux.) Même si Symphoman est une perle musicalement parlant et que la comparaison s'en ferait retourner plus d'un dans sa tombe Mozart le premier et du côté Sheller, mais passons, il faut tout de même reconnaitre qu'il y a un accent Shellerien assez prononcé et qu'ils sont allés écouter du bon côté pour composer ce breakounet. Etant donné que la ressemblance n'est tout de même pas flagrante pour qui ne connait pas un minimum, on dira que l'hommage-plagiat est approprié, et surtout intelligent, je me mets dans la tête du compositeur à qui on a dit, "on veut faire de la musique rock avec un côté musique classique et des paroles françaises" Cette phrase est une incantation à la venue de l'esprit Sheller. Soit donc.
Ce petit détour est suivi d'un pont dans les formes qui reprend, ce que j'aime assez, et qu'on voit chez les plus grands, je pense pour le plus flagrant pour moi à Controlling Crowds d'Archive, mais c'est un exemple qui n'a rien à voir avec ce titre, et choisi parmi des milliers, qui reprend donc le refrain en "sous-main" c'est à dire en le limitant à l'orgue et à une guitare acoustique, procédé qui, je l'avoue, m'a toujours énormément plu et que je n'hésite pas à utiliser moi même avec mon groupe. Ainsi, il permet un bridge qui part d'une certaine douceur pour arriver en augmentant la tension à l'explosion du refrain, apogée de la chanson avec la totalité de ce qu'on a vu précédemment riffs de guitare, surprésence de l'orgue électrique, violons et violoncelles, batterie entraînante, et en bonus la présence, qui donne toujours plus de relief et donc de puissance pour une apogée, des choeurs féminins en canons. Tout bénéf' donc. Et paf, après un ralentissement bénéfique à la voix et un arpège de guitare, fin de chanson... On se questionne. Ais je aimé ? Dois je détester comme tout le monde ? Suis je secrètement homosexuel et amoureux de mon prof de physique quantique ? Les interrogations sont lourdes.
   Ainsi, où est donc le problème qui chiffonne et fait polémique à propos de ce morceau remarquablement agencé de bout en bout. Et bien pour moi le problème réside comme je l'ai évoqué un peu plus haut dans le fait qu'il est remarquablement agencé de bout en bout. Pour être un peu plus clair, ce morceau est composé et structuré chirurgicalement, dans une recette gagnante. On a un morceau d'orgue qui frappe la piste de son sceau d'authenticité, c'est à elle on s'en souviendra, un break au piano qui est hérité d'une recette qu'on sait déjà fonctionner, et par dessus, on balance tous les poncifs de rock que tout le monde connait déjà . Un début qui dérive sur la pop, un refrain efficace, des riffs de guitare qui ne dépasse pas les bornes, un break au piano suivie d'une reprise... couplet, refrain, couplet, refrain, break, bridge, refrain. Moi qui suis dans la structure musicale jusqu'au cou en ce moment, je peux vous dire que c'est la base de chez base d'un morceau.
On va me traiter de vieux progressiste, mais là j'aurais un peu envie que ça bave, personnellement. C'est beaucoup trop propre et le morceau en pâtit, alors qu'avec un minimum de recherche musicale ça aurait pu aller bien plus loin que ça. Rendons tout de même à César ce qui lui appartient, ce morceau est terriblement efficace, il n'y a qu'a voir la polémique qu'il a déclenché dans le coeur de tous nos conspatriotes (sic), important au point de figurer sur le blog de Lucy ! Ils ont réussis à exploiter ce qui fait un tube (un petit bout de musique accrocheur et vraiment bon) pour en faire une chanson que je qualifierais de "porteuse" pour deux raisons. Tout d'abord parce qu'elle est prétexte à porter cet orgue qui est pour moi le point d'orge (HAHAHAHAHAHAHAAA) du morceau, et deuxièmement parce que la structure lui donne un rythme enlevé et porteur, qui fait son boulot.
Maintenant, naturellement il reste à définir à quel point "efficace" est un compliment ou non... L'adjectif représente bien pour moi mes sentiments sur ce morceau, ils sont contrastés et je pense qu'étant au courant de ses faiblesses je continuerais tout de même à le réecouter de temps zaotres avec plaisir. Je suis à la limite de tomber dans ce que je critiquais au début de l'article concernant le clip. Ce morceau à été fait pour être retenu et efficace, pas dans une démarche progressive d'une musique qui se veut nouvelle, intense, profonde, etc. Ne confondons pas tout, ça donne des avis vraiment stupides, et j'en suis sur, des boutons.
Ainsi, on a ce qu'on voulait. Les compositeurs voulaient être efficaces, et le pari est réussi; en utilisant les classiques et en s'inspirant des grands frères qu'il fallait, Mozart opéra rock nous livre un petit morceau qui malgré tout ce qu'on pourra écrire, reste en tête.
Pour ceux qui ont lu jusqu'au bout, vous aurez un bon point.
Bref, sans chercher à décortiquer la chanson pour trouver le bon ou le mauvais, j'aime pas, parce que justement ça reste en tête toute la journée quand on l'entend le matin, peinard en mangeant ses céréales.. Et il ne m'en faut pas plus pour finir par détester un morceau..!