J'ai la gorge serrée, j'attends un peu mardi comme un mort vivant, surement pour rien, j'écris des bouts de chansons sur un vieux bout de papier, comme ils me viennent, parfois au milieu du métro, parfois dans la rue, jamais quand je l'ai au téléphone. Je chante mes chansons en français, ça fait étrange, ça prend plus à la gorge, je ressens plus ce que j'écris, j'ai l'impression de me foutre à poil à chaque fois.
   Je suis tristoune, pas triste mais tristoune, tu sais bien, comme ton ours en peluche qui tire toujours la gueule avec ses yeux noirs sans pupilles, insondables, tu dirais toujours qu'on vient de lui annoncer la mort de sa soeur, et il reste là , posé dans un coin de ton lit à fixer la pièce avec son regard vide...
Ca me fout un peu la gerbe de me voir me trainer en cours sans aucune envie, sans aucune motivation, sans toujours savoir ce que je vais faire de ma vie. Parce que même dans le meilleur des cas possibles, même si mon groupe devient connu et qu'on fait des tournées et des concerts, même là , je ne gagnerai pas ma vie, alors quoi au final, quoi ? J'en ai marre de me poser la question, rien ne me donne envie, tout ce qui me motive, c'est la musique, écrire, parfois, mais toutes ces choses là ne font plus des métiers, et pourtant il va bien falloir que je paye mon appartement, mes chemises.
Je n'écris pas une histoire, là , je n'écris pas bien ou beau, c'est juste ma vie qui part en couille, tu vois, je reste là à écouter du bon iver en déprimant, et en attendant, quoi ? Ca ne me donne pas un plan de carrière. Et puis quoi, je vais me marier, vivre comme tout le monde ?
C'est chaud tout ça, tu finis juste par te dire que tu vas mourir, en fin de compte, alors il faut occuper l'entre deux.
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J'ai même plus envie d'en parler, j'écris juste la vérité triste et conne.
Je vais me pointer comme un chien, mardi, et elle va jouer à su-sucre. Je préfère encore me défoncer et écouter du Jack the Ripper. J'en veux à la vie.
Ecris, vis ta passion. Et trouve toi un boulot de con à côté pour survivre. C'est ce qu'on fait tous. Vendre nos rêves à la société de consommation.