Je ne sais pas pourquoi, bon, c'est un ami, bien sur, mais ça n'a absolument rien à voir, non, voilà une personne qui, premièrement, ne s'étale pas des heures sur sa vie comme je peux le faire, et ça sur une blogosphère, c'est tout de même rafraîchissant, mais qui est plus que cela, et voilà où est son talent :
Non content d'écrire avec de belles situations, celles qui plongent dans nos rêves, il double cela d'une réelle maîtrise de la technique (volontaire ou involontaire, je n'en sais rien) d'écriture, des sonorités, d'un univers que le souffle de ses mots glissés à l'oreille nous empêche de quitter.
-"Arrêt des sens, seuls les sons comptaient, sublimés par les sonorités des sillons de cire."
-"Admirant l'infini fragilité de ses mains, elles s'animaient dans une grâce cadavérique; douleur chorégraphiée dans le ballet de ses doigts crispés.
Lointaine conversation, on y évoquait Tocqueville ou Platon, présences dérangeantes dans les traits de l'harmonica d'une mélodie soufflée par le vent des années soixante."
  Je pense que ce que j'admire le plus chez cet homme, c'est qu'il fait vivre ces textes d'une spontanéité naïve et douloureuse, totalement irréfléchie et qui se nourrit de l'instant, spontanéité qu'il me semble avoir perdue dans mes articles. Je suis fasciné par les éclats de douleurs que je ressens à la lecture de ses mots, la mélancolie torturée et pourtant tellement calme qui imprègne mon esprit pour des heures de ses tranquilles sanglots. On y voit se dessiner un adolescent trop pâle, qui hante sa vie les yeux grands ouverts,  absorbant, endurant les horreurs de l'amour et des sentiments, surtout ceux des autres, ceux qui font le plus mal de ne pas nous être destinés.
Il y a une phrase qui m'a marqué le plus ces derniers temps, à la lecture de ses notes, une phrase ridiculement simple et terriblement efficace, qui m'a marqué au fer rouge:
-"Le froid mordant d'une chambre où il errait plus qu'il ne vivait."
Bon sang, que dire de plus quand une phrase sans aucune prétention résume une vie entière, un héros romantique, presque un roman entier ?
 Alors avec tout ça, quel plaisir de se rendre compte que de tous les superbes blogs que j'ai pu voir, le seul à mon sens qui cache un écrivain potentiel soit oublié de tous, perdu au fond de la masse, sans amis "célèbres", sans design extraordinaire.
Â
Mais après tout, qui se foutait de la gueule des carnets de Beaudelaire ?
Saynotl