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   Sur le lit, la blonde n'avait l'air de rien faire, et je l'ai trouvée belle, et désoeuvrée. Elle nous a regardé en souriant pendant qu'il ouvrait son ordinateur portable, et il ne lui a pas jeté un regard. Je me suis demandé depuis combien de temps ils vivaient ensemble, et depuis combien de temps il ne la regardait plus. Elle restait là , assise, sans bouger, fixe et souriante comme un mauvais tableau. J'ai cherché du regard la fenêtre, comme souvent. Elle était masquée par un tissu rose vaporeux, et sans doute de mauvaise qualité. Elle était sensuelle, presque allongée sur le lit. Lorsqu'il a quitté la pièce, elle m'a jeté un regard adulte, et nous nous sommes tous les deux rendu compte du désir qui venait de nous saisir les reins. Elle devait avoir besoin de plaire à nouveau, et comme souvent, j'avais besoin de m'enfoncer au creux d'une femme. Elle n'a rien fait, mais tout était pourtant dit, dans cette pièce silencieuse qui venait subitement de se charger de ce brouillard pesant qu'est l'envie sexuelle. Malgré tout, je n'ai pas fait un geste, je n'ai pas bougé. Sans doute principalement parce que mon désir s'est très vite mué en terreur lorsque j'ai cru reconnaître le même regard dans ses yeux insistants que celui du chien qui avait voulu que je l'emmène avec moi."