Je ne me sens pas mieux, pas plus mal. Toujours cette vieille même angoisse que je ne connais que trop bien. Quand j'avais six ans, c'était des cauchemars, déjà la peur d'être abandonné, la peur de la mort, et puis plus tard ça a été de la mythomanie incontrôlée, pour qu'on m'accepte, et enfin dès treize, la cyclothymie, et les cycles des trois mois que je haïssais et subissais sans pouvoir rien y faire, avec fatalement le même dénouement. Retour chez la barbe et les lunettes, pétage de cable, dépression, danger pour moi même et les autres. Et l'ultra réflexion avec le cerveau qui chauffe et qui surchauffe et boum.
Fatalement tu sombres dans une noirceur qui devient habituelle. Aujourd'hui j'adore m'allonger dans l'herbe, m'éteindre pour quelques instants. Je déteste devoir me relever. J'ai trouvé des palliatifs, la musique, Jack the Ripper, écrire... J'ai toujours tout fait pour avoir l'admiration des autres tout en me moquant de moi-même; au final, personne n'ira avec moi dans la tombe.
C'est cette ultra lucidité constamment présente seconde après seconde, qui m'étouffe, toujours savoir que je vais mourir, toujours savoir que tout s'arrêtera, ça m'obsède, ça me hante, ça ne me lâche jamais, ou alors pendant ces trop courts instant derrière lesquels je cours, la délivrance de la fin du morceau, l'abandon total de soi même de la prestation. Ecrire ne me soulage pas, je ne sais pas pourquoi j'écris.Â
Les canapés des psychiatres sont un mythe. Tous ceux que j'ai consultés n'avaient que des fauteuils inconfortables.Â
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L'ironie de la chose, c'est que les cercueils, eux, sont molletonnés.
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