Mardi 2 juin 2009 à 19:31

      Pieds nus. Chemise, manches retroussés, en sueur, des heures de travail, à devenir fou, mais la récompense, mes amis, quelle récompense... Et les pages qui défilent dans le silence le plus total, et la fin, enfin, quand tout s'arrêtera et que l'on en aura terminé. Concentration, structure, se laisser porter. 

Pieds nus, j'ai retrouvé mon personnage, perdu au beau milieu d'un train indien. "All characters are fictionnals", of course. C'est ce qu'on disait à tout le monde. 

Quand je suis allé voir "The Darjeeling Limited", je me suis tout simplement retrouvé dans le personnage de Jack, the "lone wolf". Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, regarder un film et se rendre compte qu'on est là, devant soi, avec ses bons côtés, ses défauts. A écrire pour écrire, un jour je me retrouverai peut être à jouer un personnage comme ça, à écrire un roman qui me rendra célèbre. Bon sang, vous voulez connaître mes rêves ? Je veux devenir un grand comédien, jouer des rôles profonds et superbes. Je veux écrire des romans inoubliables, qui précipiteront le lecteur dans une réflexion sur l'homme, ses limites, sa souffrance, qu'on sorte de ma lecture en transe, sublimé. Je veux l'immédiat des concerts avec mon groupe de musique et la chaleur de la scène, les notes, les cris, la fumée. Je veux qu'on m'aime, enfin, qu'on reconnaisse mon travail, qu'on m'envie, qu'on me considère comme le meilleur. Je veux, égoïstement et sans scrupules, devenir quelqu'un d'inoubliable. Je ne veux pas qu'on m'oublie.

Alors pour ça je passerai des heures à écrire, dans mon bureau, des nuits de délire, je passerai des jours à me concentrer sur tel ou tel rôle, je travaillerai plus dur que n'importe qui pour le conservatoire, je me donnerai à fond en concert, et bon sang, je vivrai à cent à l'heure. Je veux écrire, je veux jouer, je veux vivre. Un jour, j'aurai, l'un ou l'autre, mais j'y arriverai. Parce que rien n'est plus fort que ma détermination. 

 

(But don't play with me, 'cause you're) Playing with Fire, des Rolling Stones.


 


Mercredi 27 mai 2009 à 16:08

     « Comme je n'ai pas d'amoureux, je ramasse les pulls que les garçons oublient dans les parcs. C'est tout doux. J'ai un nouveau copain, bleu marine, taille S, qui sent la lessive. Il ne veut pas me dire comment il s'appelle. C'est pas grave. Je l'aime bien. »

Que dire d'autre ?

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C'est impressionnant. Je n'arriverai sûrement pas à en dire plus, je vous laisse vous délecter de l'apparente naïveté, de la puissance et de la beauté de ce court texte qu'elle a écrit. 

Et là je m'inspire d'un rêveur de ma connaissance: "avec la naïve élégance d'une fille à qui l'on avait pas dit qu'elle était belle."

Dimanche 1er février 2009 à 15:22

   Les pneus crissent sur l'asphalte, roulent, filent, le long des platanes et du quai qui défilent, défilent, défilent dans une odeur de poussières et de feuilles par le vent enlevées. Les phalanges sont crispées sur le volant, une, deux, trois, quatre, cinq, blanches et rouges aux extrémités. Battement des pneus le long des pavés, tout défile, vite, bien trop vite. On s'attarde sur le jardin qu'il passe sans voir, à deux cent à l'heure. Des bambous, du sable, le soleil brille, froid, blanc, sans ombres aucunes. Une chanteuse d'opéra crie sa peine quelque part entre deux bancs. Son arrivée à été un choc pour tout le monde. La voiture s'arrête enfin. Il a tout dépassé depuis bien longtemps. Un jour, il rebroussera chemin et retournera à son ancienne vie. Quelque part à sa droite, des champs de blés ondulent sous le vent, et frémissent, dans un long bruissement. 

Très très loin, une rivière ruisselle doucement le long des pierres noires et rondes. Quelques feuilles, un animal, peut-être. Tout est beau.



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Des fois, la vie ressemble à un grand jardin japonais.


Dimanche 8 juin 2008 à 23:51

    Parce que des fois, quand on veut faire une pause dans la musique électronique, alternative, progessive, post rock progressive et autre trip hopienne, faut simplement se foutre du Alain Souchon dans le casque.

Bon d'accord, cette chanson, et tout cet album ont une signification particulière pour moi. C'est album, je l'ai entendu pour la première fois quand j'avais une petite dizaine d'années, pendant mon tout premier voyage au pays de Galles. Alain Souchon, pour moi c'est les champs verts plein de moutons, les montagnes de pierres noires, et les romans d'Heroic Fantasy que je m'inventais dans ma tête, en sautant de pierres en pierres, au dessus des ruisseaux glacés, perdus dans les feuillages verts. C'était contempler, muet, une chute d'eau qui fait cinquante fois sa taille, et comprendre un peu ce que c'est que l'éphemère de l'homme devant la Nature. C'était la mer, la plaine, la forêt, et la montagne, sur vingt kilomètres seulement.

    Alors forcément, quand on veut se remémorrer ce genre de moments, il suffit de se dire que quoi que l'on fasse, on reste au ras des paquerettes.





Découvrez Alain Souchon!





PS: Demain soir, concert de Radiohead. Je penserai à vous pour un petit compte rendu. Héhé.

Vendredi 18 avril 2008 à 22:47

     Il y a eu ce moment ou je suis rentré seul, pendant une heure, jusque chez moi, avec les champs balayés par le vent, l'immensité du ciel sans nuage, et mon corps minuscule et insignifiant qui criait, et courait au milieu des pommiers. Il y a eu ce moment hors des hommes et du temps, où tous mes problèmes sont partis avec la brise, et où je n'ai plus été qu'un simple animal sur la  Terre, conscient de la chance qu'il avait. Il y a eu ce moment que ne berçait aucune musique, aucun poème, aucun sentiment connu. Il y a eu les arbres qui frémissent, les hommes qui disparaissent, et moi qui insultait les voitures, leur vitre fermées, et leur air conditionné. Il y a eu des champs, beaucoup de champs et d'herbe verte, des barrières de western, et des chevaux derrière, et moi qui courait au milieu de ce monde paisible, en criant comme l'enfant qui s'était caché tout au fond de moi. Et j'ai couru avec le vent, je me suis rué dans les hautes herbes en écartant les bras, et le dieu du vent était là, qui me regardait avec bienveillance m'entortiller dans ses flux d'air. Et tout ça existe.

Quand je suis descendu du car, le lendemain, il a arrêté de pleuvoir au moment où j'ai posé le pied par Terre.

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