C'était le regard avec lequel il fixait certaines filles, surtout, un peu passionné, un peu admiratif, comme un gamin qui ne veux pas paraître impressionné, quand il est déjà trop tard. Cette métisse qu'il fixait tout le temps, sans qu'elle le sache, parfois avec un regard dur, souvent avec un regard triste, mais toujours amoureux. Parfois elle le foutait en l'air, et c'était elle qui sans le savoir, le faisait repartir. Et puis c'était ce regard froid, dur, et implacable qu'il donnait à certains autres. Des fois sans faire exprès, revenu trop vite de ses pensées. Et puis des fois si. Pour certains, pour une raison que sûrement lui seul connaissait. Un regard noir, lourd, et violent. Je sentais comme une certaine violence contenue, parfois à la limite d'exploser dans ses coups d'oeil.
Une fois il avait dit en passant, comme ça, simplement "Je m'énerve à cause de notes de piano." Auto-dérision. Il avait eu un crispement de main, et puis c'était passé. Il était fort, pour dissimuler, aussi.
Il ne m'as jamais vraiment fait peur, non, parfois j'étais triste sans même le connaitre vraiment, simplement en le voyant passer la nuque baissée, et les yeux ouverts sur une tristesse et une réalité qu'il pensait sûrement être le seul à connaître. De par son intensité. De par sa violence et sa tristesse. A cause des notes infernales. Et de la captivation pour quelqu'un d'autre que lui.
Personnellement, je n'ai jamais su où allaient les clowns, après leur numéro.
Cherchez le poète maudit qui vous a tant ému, derrière la bouille ronde, le chapeau et les affaires de jonglage. Déçu ? On s'y fait.