Dimanche 3 mai 2009 à 16:41

    C'est comme quand on s'enfonce dans le sable. Figé dans un temps, pris dans une chute éternelle qui ne nous fera jamais rencontrer le sol.

Je tombe à l'infini.

L'idéal d'une vie enviée par beaucoup est entâché par la constante impression de mal-être, d'extrême solitude. On se perd dans les sourires et pendant ce temps là, tout le reste s'efface.

Je me suis appuyé un instant contre un mur, hier, comme j'ai si souvent l'habitude de le faire. J'ai replié une jambe sous moi, et je me suis détaché de tout, comme d'habitude. C'est comme si l'on pouvait appréhender la vie sous deux aspects différents, et qu'une fois passée la banalité de la surface, on pouvait voir la terrible réalité. Le sous-jacent qui noie de terreur tous ces adolescents, comme vous, comme moi. J'ai promené mon regard sur cette pièce, pour en revenir plus vide encore.

Qu'est ce qui me retient ? Tout s'échappe, comme du sable entre mes doigts, tombe, tombe, tombe dans l'infini des corps et des pensées, s'échappe et m'engourdit, et me laisse seul, finalement terriblement seul, la tête pleine d'angoisses et de non dits.

C'est comme quand on s'enfonce dans le sable. Et qu'on y meurt.

 

Lundi 27 avril 2009 à 22:04

    Tout s'efface dans la brume indécise du coeur des autres.


Samedi 25 avril 2009 à 16:19

    
     Et sous une pluie fine, Elsa danse. Elsa s'abrite dans la cabane en bois, Elsa rit, Elsa me regarde et son air mutin me laisse incapable de bouger. Elsa s'arrête à la porte et se retourne, Elsa voudrait des photos de nous deux, Elsa voudrait m'avoir rien que pour elle, et je voudrais l'avoir à jamais. 

Et puis Elsa s'en va, elle détourne le regard, elle en aime un autre, elle n'est plus à sa place, et je me fous des autres. Elsa s'enfuit, Elsa ne répond plus, Elsa se perd, et je me perds dans ses cheveux qui flottent et qui surnagent, qui s'envolent et qui m'enlacent.

Elsa disparait. Elsa n'existe plus.

Elsa n'a jamais existé. 

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Lundi 20 avril 2009 à 20:38





Ca peut paraître étrange mais malgré tout, je me surprends moi aussi à rêver, de temps en temps. Et je sais que j'aimerais vraiment me retrouver en 1973, dans ce bus, avec ces gens là, à chanter Tiny Dancer sur fond de fauteuil en cuir et de soleil couchant, dans une tournée sans fin sur les routes d'Amérique, à cette époque précise où certaines personnes pensaient encore qu'il y avait de l'espoir.

Merde, ramenez moi en 1973. Tout me lâche, en ce moment.

Dimanche 19 avril 2009 à 15:25

   

    La lumière des stores filtrait, lame par lame, sur le bureau presque vide. Une tasse de café qu'il n'avait pas touché, un ordinateur portable, et puis ce jeune homme, qui avait vu l'enfer, assis dans la petite chaise en simili cuir, en face de lui. La pièce était plongée dans une pénombre claire d'hôpital, éclairée par le couloir et la blancheur des murs. Juste lui, et l'adolescent, éclairé par intermittence. Il fut le premier à craquer.

 -BON SANG !

L'autre ne bougea pas.

Il frappa des deux poings sur la table. 

-Tu ne te rends même pas compte, c'est ça ?

 -Bien sur que je me rends compte.

La voix était calme, sans animosité, presque sans ton. Il reprit.

 -C'est bien ça le problème. Je me rends compte. Je me rends compte de tout. Tout ce que tu effleures parfois, tout ce à quoi tu penses une fois sur dix. Tout ce qui ne te touches même pas.

L'homme se passa la main sur le visage.

 -Tu crois peut-être que tu es le seul à avoir des problèmes ?

 -Bien sur que non. C'est bien pour ça que je me demande pourquoi tout le monde ne fait pas comme moi.

 -Parce qu'il y a d'autres solutions ! On peut parler, réfléchir.

 -Tout ça, c'est refuser d'affronter la réalité. Parler, pour penser à autre chose, chercher des alternatives là où il n'y en a aucune. Tu vas mourir. C'est ça que tu ne conçois pas. Moi je ne le supporte pas, tout ça, toute cette attente. Je craque. Parler... Tout ce que tu pourras dire ou faire n'éloignera jamais le fait qu'à la fin, tu meurs, toi, moi, tout le monde, et tous les Léonard de Vinci, Hemingway et Mozart y sont passés, et ce qu'ils ont laissés ne sert à rien, parce qu'ils sont MORTS ! Et quoi que tu fasses, tu mourras aussi, et ce sera la fin de tout.

Il s'arrêta un instant, se recala dans son fauteuil, massant son bandage à la tête, puis repris, calmement.

 -Et ça, je ne le supporte pas. Cette vie, chaque instant passé à ne penser qu'à ça. A ma mort. Je hais tout ce qui nous en détourne, et je hais tout ce qui m'y ramène. Je hais la vie, et toutes les conneries qui vont avec, l'art, les amis, les bons moments, et l'amour, ce putain d'amour, surtout. Tout ça disparaitra. Les photos des bons moments qu'on aura tous passés ensemble ne seront plus comprises par personnes. Ces trois jeunes personnes qui font les cons sur le sable, qui posent, qui rient: tous les trois, morts. Et avec eux leur humour, leur vie, leurs souvenirs, leurs pensées, leurs délires, leur manière de voir le monde. Je hais la vie.

L'homme en face de lui fit semblant de boire une gorgée de café, pour se donner contenance. Il tenta faiblement.

 -Et tu ne veux pas en profiter, de ce répit ?

 -Quelle importance, si c'est pour mourir. Quoi que tu puisses me dire, je n'y répondrai qu'une seule chose. Je mourrai. Quoi qu'il arrive, quelles que soient mes actions, que je sois bienfaiteur humanitaire ou violeur d'enfants, je mourrai. Et après ça plus rien, ce sera fini même la mort s'arrêtera... 
Je hais la vie. Plus que tout. Je la hais de nous laisser croire en un possible bonheur et de tout nous enlever.

 L'autre se passa une main sur le visage. Il n'y avait plus grand chose à dire.

-Il y a quelque chose que tu hais plus que la vie, au final ?

L'adolescent eut un sourire.

 -Oui bien sur... Moi.

Il se leva et sortit de la pièce. L'homme resta un instant seul dans sa chaise. Il se revoyait encore détourner l'arme de la tête de son petit frère, presque trop tard, juste assez pour que la balle ne fasse qu'effleurer le crâne. Ce soir, dans le bureau blanc de cet hôpital glauque, il se demandait qui était le plus détruit des deux.

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